Un combréen ingénieur ... de l’air
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Pour répondre à une question à propos de l’un de nos anciens élèves scientifique ayant œuvré avec le plus invisible des quatre éléments de la vieille alchimie, les Bulletins ont été fouillés. Comme il n’est pas envisageable de laisser des questions sans réponse ... |
Question : Petite nièce de Paul Guienne, j'ai recherché son nom parmi les anciens élèves et ne l'ai pas trouvé : le collège l'aurait-il oublié ? de Jocelyne Mazaleyrat
L’élève Paul Guienne
Le couple Jean-Baptiste Guienne et Eugénie Godivier, marié en 1902 au Bourg d'Iré, a accueilli Paul le 31 mars 1912 au Bourg d’Iré (à moins de 6 km du Collège) dans la famille maternelle où il passera sa jeunesse, son père étant décédé le 3 mars 1919 à la suite de la Guerre de 1914-1918. Il eut un frère, mort en bas âge, et une sœur Denise (✝︎) ; cette dernière avait écrit un mot sur son frère que Jocelyne, sa petite-fille nous a confié.
Ancien élève (cours 1930) arrivé au Collège en 6ième en 1924 et parti en 1930 en Math Elem.
En cinquième (année scolaire 1924-25),
il fait partie de « ceux qui, dans chaque classe, viennent en tête de liste »
En quatrième (année scolaire 1925-26),
il appartient à « la longue liste de gloire où des noms reviennent souvent, ceux des champions ».
En troisième (année scolaire 1926-27)
- Quelle classe que cette Troisième : Pierre Macé (prof Sc.Phys.🔒), Marcel Chrétien (un grand soldat 🔒), Pierre Deshaies (économe 🔒), Louis Bessière (journaliste Pouancé) et Paul Guienne !
- Voici la photo de classe correspondante.
En seconde (année scolaire 1927-28),
- « L'élève de Seconde A Paul Guienne, de Segré, a été classé le sixième sur 101 concurrents pour le concours de Devoir français. Sujet : St-François d'Assise et le loup de Gubbio. »
- Il fait partie de l’Académie Combréenne constituée exclusivement des meilleurs élèves : « Afin que la postérité n’en ignore, voici les noms de nos Immortels »
En première (année scolaire 1928-29),
- « L'élève de Première A Paul Guienne, de Segré, a été classé le cinquième sur quarante-trois concurrents et il a mérité la note 16 sur 20 pour le concours de Mathématiques » .
- Il est nommé secrétaire de l’Académie Combréenne.
- De plus « Pour la Version latine (106 concurrents) : Paul Guienne, de Segré, la Médaille ; Pierre Macé, de Pouancé, la dix-huitième mention. ». Enfin, sans surprise, : « Premier BAC, Section Latin-Grec, Paul Guienne, de Bourg d’Iré (mention Assez B) »
En terminale ( Math Elem, année scolaire 1929-30) :
- Il est choisi pour adresser un « compliment » au Supérieur (en lire le compte-rendu)
- Palmarès de « Mathématiques : Pierre Macé, Paul Guienne .… »
- Second BAC Math Elem « Paul Guienne, de Bourg.d'Iré (mention Assez bien) … »
Les bulletins suivent sa progression d’après Bac :
- Nouvel adhérent de l’Amicale : « Guienne Paul, étudiant à l'école des Arts et Métiers de Lille, cours 1930 »
- Diplôme d’ingénieur : « M. Paul Guienne, de Bourg-d'Iré, Ingénieur I.C.A.M. et Licencié ès-Sciences .,. a obtenu devant la Faculté des Sciences de Lille le Certificat de Mécaniques des Fluides.»
Le professionnel
Orientation vers l’aviation en 1936 : Paul Guienne (c. 1930) est devenu toulousain. Il occupe une situation très intéressante dans un laboratoire de recherches pour l'Aviation. « J'ai sans doute, ajoute-t-il, l’apparence par mon silence, d'un ancien très infidèle ; et pourtant, je repense toujours à Combrée avec plaisir. »… »
Conférence donnée au Collège en 1955 par Paul Guienne (en lire l’exposé).
Extrait du Bulletin de Pâques 1962 :
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« …Enfin, nous eûmes la primeur d'une innovation récente : un film sur le « Terraplane », le dernier véhicule et premier français sur coussin d'air, mis au point par M. Guienne, ancien élève du Père Math. Je ne me prononcerai pas sur les mérites de cet appareil, nous l'avons vu évoluer dans tous les sens, sur tous les revêtements, tournant sur place, |
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apte à tous les déplacements, même sur l'eau, nous a dit M. Guienne, et l'on fonde sur lui de grands espoirs pour l'exploitation des régions dont l'infrastructure routière est inexistante ... »
Extrait du Bulletin de vacances de 1962 : Nomination ingénieur en chef à la société Bertin
« … Et puis c'est avec grande joie que j'ai à saluer parmi nous la présence de Paul Guienne, du cours 1930, ingénieur I.C.A.M., licencié ès sciences, chef de département à la Société aérothermodynamique Bertin et Cie, et dont les journaux de Paris et du monde, la T.S.F. et la télévision mettent depuis quelques jours le nom en manchette. Par la rumeur publique, vous savez qu’il est l'inventeur français et combréen de ce véhicule appelé à révolutionner le monde (encore une révolution !) d'ici peu vous viendrez tous à Combrée - et aucun n'aura· d'excuse - en terraplane. ... Bientôt, ..., vous viendrez ... à Combrée, à travers champs, à travers villes, à travers la Loire et la Verzée, sur coussin d'air, et peut-être vous étonnerez-vous d'être en grande partie responsable du succès et de la notoriété de notre camarade Guienne … »
Extrait du Courrier de l’Ouest du 17 décembre 1963, par l’Œil de Bœuf (Louis Bessière) :
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« ... Les espérances sont devenues réalités puisque, ces jours derniers, la presse nous annonçait la naissance de "l'aérotrain", chemin de fer de l'an 2000, dont le principe est le perfectionne-ment du "terraplane". La presse en général montre un cliché de la maquette présentée par son inventeur qu'on nommait Jean Bertin. Les "Combréens" et particulièrement ceux des années 30, auront rectifié d'eux-mêmes. |
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Ils ont reconnu Paul Guienne qui n'a guère changé depuis cette époque où il puisait son savoir aux leçons du chanoine René Vincent, plus illustrement connu ici sous le du "Père Math". Paul Guienne est maître d'œuvre à l'usine Bertin, ainsi que le précisait notre page départementale. Puisqu'il souhaite pouvoir relier Paris à Angers en trois quarts d'heure, nous espérons qu'il prolongera la ligne- de si peu - jusqu'à Combrée, l'"alma mater·" à qui il doit faire secrètement hommage de son nouvel "enfant". Cela nous permettra de le fêter une fois encore "in hymnis et canticis", en attendant sa prochaine découverte. »
Extrait du Courrier de l’Ouest du 22 février 1966 (Bulletin de décembre 1966) rend compte des essais en vraie grandeur de l’Aérotrain (lire cet extrait et les résultats de cet essai).
Extrait du Bulletin de décembre 1966
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« ... Il est de plus en plus question de sortir du domaine expérimental ses Terraplane, Aérotrain et Naviplane. Le premier a fait son apparition, à Angers, en novembre dernier, par les soins de l'École d'Application du Génie. Quant à l'aérotrain, des études ont été faites, il y a quelques mois, pour la création éventuelle d'une ligne Paris- Créteil, en prolongement du métropolitain. |
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Et plus récemment, le Conseil des Ministres a adopté le projet de construction d'une ligne Paris- Orléans pour 1967, et d'une seconde ligne entre Lyon et Grenoble en 1968, à l'occasion des Jeux Olympiques. Le Naviplane, lui, risque dans un proche avenir d'être un concurrent sérieux, et le seul, de l'Hovercraft, de construction anglaise ... »
Le 29 avril 1969 La presse marseillaise évoque l’exploitation de deux Naviplanes : voir l’article ici
Extrait du bulletin de Pâques 1970 : un gros naviplane
| « ...Paul GUIENNE a été promu directeur scientifique de la société d'Aérothermodynamique Bertin & Cie. Actuellement, il achève la mise au point de l'Aérotrain (ligne Orléans-Paris), tout en préparant un nouveau Naviplane de 250 tonnes … ». Timbre émis le 09/03/1970 |
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Extrait du Bulletin de Pâques 1972 : Mariage
« c. 1930, M. Paul GUIENNE, avec Melle Françoise BILLARD, à Petit-Couronne, le 25/11/1972.»
Extrait du Bulletin des vacances 1973 : abandon de l’aérotrain
« c.1930 · Paul GUIENNE nous entretient de ses déconvenues et de ses projets : " ... Je suis évidemment désolé de l'arrêt - provisoire, j'espère – de l'Aérotrain, mais je n'en ai pas moins énormément de travail, depuis que j'ai pris la direction de la S.E.D.A.M. Je réalise deux gros aéroglisseurs marins de 250 tonnes (coût 50 millions de nouveaux francs pièce !) qui ·entreront ·en service dans deux ans. Ils sont en très bonne voie. Mais quel travail, quels soucis ! ... ". » Une vidéo traduit le désappointement général en France : la voici.
Extrait du Bulletin à la rentrée 1973
« c. 1930 Paul GUIENNE a été fait chevalier de la Légion d'Honneur, au titre du Ministère de la Défense, pour 40 ans d'activités professionnelles et de services militaires. »
Extrait du Bulletin de décembre 1973, issu du Courrier de l’Ouest du 29 novembre : ...Et un métro !
Du nouveau ·pour l'aérotrain. Les journaux et la télévision ont parlé fin novembre de la récente réalisation de notre ami Paul GUIENNE, directeur technique à la Société Bertin.
Voici quelques lignes de l'article paru dans le Courrier de l'Ouest. en date du 29 novembre :
"Un ingénieur, originaire d'Angers, M. Paul Guienne est, on le sait, l'un des premiers initiateurs de la circulation des véhicules sur coussin d'air, avec l'ingénieur Bertin. Le "Tridim " est le dernier de la famille des aérotrains conçu par les deux chercheurs. Ce prototype actuel ne comporte que quatre places, mais des véhicules allant jusqu'à 100 passagers peuvent être, d'ores et déjà, fabriqués. Le "Tridim " offre l'avantage de n'être ni bruyant, ni polluant et d'une conception résolvant tous les problèmes de transports dans les villes où le métro classique n'est pas acceptable économiquement. Ce véhicule peut être attelable mécaniquement ou électriquement et permettrait ainsi de satisfaire tous les besoins de transports dans le périmètre d'une cité. Sa vitesse varierait de 40 km/h à 80 km/h ". .... Et il fonctionne toujours : vérifiez avec cette vidéo avec l’aimable autorisation de l’Association des amis de Jean Bertin
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Le 21 décembre 1975, un an après l’arrêt de l’aérotrain, Jean Bertin meurt à 58 ans d'un cancer du cerveau ! |
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Extrait du Bulletin de Noël 1977 : aboutissement du Naviplane
« Lu dans le journal "La Croix", en date du 29 novembre dernier, concernant la S.E.D.A.M., dont Paul GUIENNE est, comme on le sait, le directeur : Le plus grand naviplane du monde « Ingénieur Jean Bertin » N 500·2, a quitté samedi le port de Verdon-sur-Mer (Gironde) pour rejoindre Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), son port d'attache. Cet appareil avec 54 mètres de long, 85 tonnes de charge marchande (400 passagers et 45 voitures), est capable de passer sur des vagues de quatre mètres.
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Construit à Pauillac par la SEDAM (Société pour l'Étude et le Développement des Aéroglisseurs Marins), il doit être mis en service entre Boulogne-Calais et Douvres. En mai dernier, le N 500-1 "Côte d'Argent" avait été entièrement détruit par un incendie accidentel sur le parking de l'usine de Pauillac..» |
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Extrait du Bulletin de Noël 1978 : Paul en retraite
Paul GUIENNE nous envoie ces quelques lignes : « Je suis en retraite, mais non pas en inactivité, au contraire : ingénieur-conseil à la Société Bertin, aux Chantiers Navals Dubigeon Normandie, et je construis de petits aéroglisseurs avec la Société I'Angevinlère. »
Extrait du Bulletin de Pâques 1979 : Paul reste très proche de Combrée
Paul Guienne, élu à l'unanimité Président des Combréens de Paris.
Extrait du Bulletin de Pâques 1980
- « Paul Guienne a reçu, le 19 février dernier, la médaille de vermeil de la Société pour la Recherche et l'Innovation. Nos félicitations.»
- Allocution de Paul Guienne lors de la Fête des Anciens (lire cette allocution).
Le 7 août 1981 Paul Guienne décède à l’hôpital Cochin, à Paris
Hommages de Combrée, Bulletin de Noël 1981 (lire ici).
Témoignage de l’ex-directeur de Bertin & Cie, bulletin de Noël 1982 (lire ici).
Sur sa tombe dans le cimetière de Bourg d’Iré, on peut lire ce poème d’Appolinaire :
« J ‘ai cueilli ce brin de bruyère,
L’automne est mort, souviens-t-en,
Odeur du temps, brin de bruyère, Paul GUIENNE
Et souviens-toi que je t’attends. » 13-3-1912 7-8-1981
Rencontres en cours de recherches
♥︎ Trente-cinq des Bulletins de l’Amicale, entre 1924 et 1992 ont évoqué Paul Guienne.
♥︎ Au cours de son activité professionnelle, Paul Guienne a conçu également
- le « Cabriolair » (lire ici).
- le parachutage sur coussin d’air : Lire son explication et l’article du Courrier de l’Ouest♥︎ Le 5 mars 1974, l’Aérotrain Bertin type « Orléans » atteint la vitesse de 417,6 km/h. Pour comparer, le TGV atteint 380 km/h sept ans plus tard (et 574,8 km/h en 2007 !). Jusqu'où aurait été l'Aérotrain ?
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♥︎ S’il faut une preuve de l’étendue de la notoriété acquise par les inventions de Paul Guienne, sachez que l’édition n°609 de Pif-Gadget de novembre 1980 lui rend hommage ... c’est dire combien son travail était connu de la population de l'époque ! |
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♥︎ Des générations de professeurs de sciences ont utilisé (ou fait utiliser) ce dispositif pour mettre en évidence l’existence ou l’absence de frottement et leurs conséquences : le coussin d’air est utilisé au lycée pour étudier les mouvements dans des conditions proches de la théorie. |
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♥︎ Vous êtes intéressés par la technique, alors rendez-vous sur « Icare », (bulletin du Syndicat National des Pilotes de Ligne) où est inséré un article sur le sujet, signé P. Guienne : à la fois une histoire de la diminution des frottements dans les déplacements et un plaidoyer scientifique incontestable ! Sa vision ne fut pas hélas suivie de tous les effets escomptés !
♥︎ La commune de Bourg d’Iré, ville natale de Paul Guienne, a, en son centre-ville, une rue à son nom, le second axe de ce bourg étant la rue Alfred de Falloux, autre illustre combréen.
♥︎ Merci Monsieur Guienne pour les applications de vos recherches sur le coussin d’air dont on continue d’utiliser les applications depuis les emballages jusqu'aux suspensions des camions en passant par des jouets de palets ou les chaussures de sports !
Jean-Louis Boulangé, cours 1964
Janvier 2026
Remerciements
Pour leur participation efficace et la fourniture d’informations, à Mesdames Jocelyne Mazaleyrat, petite-nièce de Paul Guienne et Denise Guienne, née Godivier, sœur de Paul et grand-mère de Jocelyne.
Pour leur sympathique accueil, à Daniel Ermisse et Danièle Jannotaux, de l’Association des Amis de Paul Guienne. .
Aux bulletins de notre Amicale (tous disponibles aux adhérents) et à Gallica.
